18.7.17

Un repas, un pique nique

déjeuner des canotiers Renoir 1871 

Aujourd'hui nous passons à table. Un repas, un pique nique, au restaurant ou à la maison. Et un détail attire votre regard et délie votre plume. Vous vous en souviendrez des années plus tard !

A vos plumes, bonne inspiration et à demain 

Une plume qui court écrire pour un autre défi


10 commentaires:

  1. Un certain dimanche

    C'était une repas de vacances comme un autre, sur la terrasse. On expliquait le quotidien, les enfants, les projets de voyages. Peu à peu la conversation avait dérivé sur le passé, le voisinage, les rumeurs. Elle s'était retirée dans es pensées, elle détestait le genre commérages. Ça parlait mais elle n'entendait plus, elle était ailleurs. C'est un éclat de voix qui l'avait ramenée la.
    Regarde ce que tu fais ! Tu ne peux pas faire attention. C'est la quatrième nappe que je lève cette semaine.
    Son père avait renversé un verre de vin sur la nappe de fête, la préférée de Maman avec les broderies.
    La voix de Maman enflait : c'est tout le temps, un verre renversé, une tasse qui tombe. Je ne sais pas ce qu'il a. Il ne tient plus rien en mains.
    Papa s'était levé, se sentant accusé. Son regard s'était figé en une grimace méchante. Il avait agité les bras comme un moulin, avait voulu crier et s'était effondré, la tête en avant dans son assiette de spaghettis. Un silence avait suivi. Maman était restée les bras en avant, prête à protéger un enfant. On savait qu'il avait vieilli, qu'il n'allait plus aussi qu'on l'aurait tous voulu mais ... le silence et le déni.
    Une petite voix avait brisé le bruit du vent dans les peupliers : " il est malade, Papy ?"

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  3. Ma chère amie, me voilà de nouveau à Rome, chez ma fille Julie. C'était la première fois que je passais les fêtes de Noël et du Nouvel An en Italie. Il faut que je te raconte.
    Pour le réveillon nous étions chez les beaux-parents de ma fille. Leur réveillon n'a rien à voir avec le nôtre. D'abord le 24 décembre est un jour “maigre”. Ne crois pas que l'on jeûne pour autant ! On ne mange pas de viande, on mange tout le reste ! Marée de hors-d'oeuvres, “fritto misto” à la romaine c'est-à-dire de tout en beignet : courgettes, choux-fleurs, artichauts, filets de morue et je ne sais quoi encore. Déjà ça, ça suffirait. Ensuite spaghetti aux clovisses. Délicieux. Puis seiches aux petits pois, “capitone” grillé, c'est une espèce de grosse anguille, il y en avait des baquets entiers au marché qui grouillaient en remuant leur tête de murène. C'est à ce moment précis que j'ai soudain ressenti une envie folle d'huîtres et de foie gras. J'ai regardé ma fille, elle aussi. Heureusement une bonne salade a rafraîchi mon gosier surmené juste avant le coup de massue, les desserts. Panettone, pandoro, tourons à tous les goûts et fruits secs, noix, noisettes, dattes fourrées aux amandes, figues séchées. Après ça c'était déjà minuit et on a débouché du champagne pour saluer ce pauvre Jésus, tout nu sur la paille.
    Je passe le repas de Noël, plus classique mais tout aussi abondant. J'ai passé la semaine au bouillon de légumes et j'ai attendu dans la terreur le réveillon du Nouvel An.
    Nous étions invités chez des amis de Julie et là j'ai découvert une tradition qui m'a éberlué. Inutile de dire que nous avons abondamment dîné, hors-d'oeuvres, lasagnes, “cardi” au gratin, dinde farcie, et les fameux desserts. A minuit pile on a ouvert le champagne et là, s'est déchaîné l'enfer. J'ai cru à une émeute, une révolution, la 3° guerre mondiale. Des pétards de tous calibres, certains comme des bombes, des feux d'artifice sur toutes les terrasses et dans tous les jardins, ça pétait et pétaradait de tous les côtés, l'air devenait irrespirable. Les explosions une fois terminées je croyais qu'on allait enfin rentrer chez nous. Pas du tout. C'est là que mon estomac subit le dernier attentat, inattendu, inoubliable : des lentilles aux andouilles ! Je n'ai rien contre les lentilles, mais ce jour-là et après tout ce qu'on avait mangé c'était trop et j'ai commencé par refuser mais, argument irréfutable, c'est une tradition, plus on en mange, plus on a d'argent dans l'année. J'ai fini par en avaler une cuillerée, mais c'était vraiment pour la tradition !
    Janine

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    1. Intéressantes ces traditions culinaires ! Merci pour ce texte tourné vers la cuisine italienne.

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  4. Déjeuner sur la terrasse avec conversation galante
    « Vous avez un bien joli chapeau, Mademoiselle … »
    « Monsieur le baron, permettez que je vous présente ma plus jeune sœur Alphonsine. Alphonsine, je te présente le baron Raoul Barbier »
    « Alors c’est vous Mademoiselle Alphonsine, Jean m’a souvent chanté merveille de la jeune et jolie fille de l’aubergiste de Chatou … je suis ravi de faire votre connaissance »
    « Moi de même, Monsieur le baron … je ne savais pas que vous aimiez les canots. Etes-vous aussi un des amis de Jean ? Ils viennent souvent déjeuner ici chez mon papa à la belle saison, mais je ne vous avais jamais vu … »
    « Oui, Jean est un vieil ami …et j’aime beaucoup ses tableaux, presque comme les canots, mais ce que je préfère ce sont les chevaux. Mais parlez-moi de vous chère Alphonsine…que fait une si jolie fille dans une auberge à Chatou »
    « Que voulez-vous que je fasse, j’aide ma famille à l’auberge en attendant de rencontrer le chevalier de mes rêves qui m’amènera en ville … »
    « Méfie-toi du baron Alphonsine, … sais -tu que ce qu’il préfère encore aux canots et aux cheveux, ce sont les jolies jeunes dames."
    federica

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    1. Un joli texte plein de sous entendus sur les intentions du Baron ! Alphonsine est elle si naïve ? Merci

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  5. les citrons d’Ischia
    la pizzeria Luna Rossa était simple et sympathique, Des spécialités goûteuses aux produits de la mer. J’avais pris ce soir-là un risotto pescatora et mon mari une impepada de cozze , c’est à dire des moules au poivre. Le tout avec une salade de roquette aux petites tomates , une insalata rucola pomodorini rouge et vert sombre, que relevait un vin blanc pétillant bien moins léger qu’il n’y paraissait à la couleur jaune ambrée. Tous les produits étaient non seulement délicieux mais également magnifiquement colorés.

    A la fin du repas , la patronne nous proposa un limoncello que nous acceptâmes de bon gré et suivant du regard sa silhouette qui traversait la salle vers le lieu où étaient entreposées les bouteilles , c’est alors que je les vis : les citrons d’Ischia !
    Certes j’en avais vu quelques-uns, encore sur leur arbre dans le restaurant, et d’autres dans des panières dans les magasins de primeurs le long de l’immense via Roma qui va du Port au Castello et abrite tout autant les boutiques de luxe que les petits magasins d’alimentation. Mais ceux-là ! Mais ceux là !
    D’un jaune clair, énormes et irréguliers , à la peau épaisse animée de boursouflures,, proche des cédrats de Sorrente avec qui on les eût accusé de s’être acoquinés si leur jaune n’avait pas été si clair et lumineux., ils s’offraient là, indécents de beauté, groupés dans un panier d’osier, et banalement mis à disposition pour fabriquer ce que le client commanderait : le limoncello, le granita di limone glacé ou encore le spremuta di limone , plus proche d’une soupe que d’un habituel jus de fruit et au parfum si intense que je ne l’oublierai jamais.

    Il paraissait presque criminel de les découper, d’oser à leur égard tout geste qui ne fut pas une caresse et ne respectât pas leur beauté sacrée. Leur assemblage était si resplendissant si varié et si uniforme à la fois que j’aurais voulu le garder ainsi pour toujours.
    Si le paradis ressemble à quelque chose de connu, alors c’est sûr , il abrite forcément ces citrons si extraordinaires , les citrons d’ischia,
    martine

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  6. Elles avancent l’une derrière l’autre, à la queue leu leu et en colonnes bien droites, telle une armée organisée. Maman, à mille lieues du spectacle qui m’hypnotise, croque dans son sandwich, assise en tailleur sur notre plaid à carreaux, pendant que Papa s’essuie la moustache du revers de la main et que Petit Tom rampe gaillardement en direction de l’herbe verte. Oh mais non ! Pas par là, mon bonhomme, viens plutôt par ici. Je l’attire vers moi en tirant sur sa couche et comme il se débat, j’embrasse fort ses joues potelées pour le calmer. Non, non, pas la peine de geindre, et arrête de te tortiller. Encore un peu et tu allais les écraser. Regarde, petit frère. Regarde, admire et apprend. Tu vois le petit bout de jambon que Maman a fait tomber ? Eh oui, il marche tout seul ! C’est rigolo, non ? Ahahaha, oui, tu peux écarquiller les yeux et ouvrir grand la bouche. Il n’y a aucun maléfice là-dessous. Juste une fourmi. Plus petite que le carré rose qu’elle transporte jusqu'à sa colonie. Et hop, dans le rang ! Gauche-droite, gauche-droite. Ici une miette de pain, là un grain de maïs… Notre pique-nique profite à beaucoup de monde ! Ce monticule que tu vois là-bas, c’est leur maison ; on appelle ça une fourmilière. Prends-en de la graine : elles au moins, elles savent ranger leur chambre ! Oh ! Ca alors, un bout de ton biscuit, elles sont gourmandes en plus ! Tom ? Tom, qu’est-ce que tu fais ? Tom, non, arrête ! Comment ça le laisser tranquille ? Mais Maman, il va les tuer ! Maman !!! Tom, non !!!
    « Oh chéri ! Regarde comme Thomas est dégourdi ! Il s’est mis debout tout seul et il donne des coups de pied dans un tas de terre. Quelle énergie ! C’est bien ton fils… Et quel sens de l’équilibre ! Mais enfin Chloé ? Pourquoi tu pleures ? »

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  7. Une jolie histoire et une émotion! Merci

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